Arjel le marché des jeux en ligne est légal à 90 % - Entretien-bilan avec Jean-François Vilotte, président de l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel), six mois après leur légalisation.
Le Point.fr : Comment se porte le secteur du pari en ligne ouvert en juin ? Jean-François Vilotte : On dénombre 2,4 millions de comptes ouverts, dont 1,4 million devenus définitifs, c’est-à-dire que leurs titulaires ont adressé aux sites les documents permettant de les identifier. Mais les trois secteurs sont dans des situations différentes. Le poker marche bien avec 280.000 comptes joueurs actifs chaque semaine sur un total de 511.000 comptes actifs. Il devance ainsi les 150.000 comptes actifs qui, chaque semaine, parient sur les sports et les 130.000 qui parient sur les courses de chevaux.Quels sports sont les plus prisés ?
Le football, même s’il n’est pas aussi dominant qu’en Italie, où il concentre 92 % du montant des paris sportifs. En France, le ballon rond représente 57 % des mises. Il a été très fort jusqu’à l’élimination de la France en Coupe du monde. Ensuite, c’est le tennis avec 23 % des mises, devant le volley-ball et le basket avec 4 % des mises. Le rugby n’attire que 2 % des mises.Les opérateurs de paris sportifs, comme Betclic ou Bwin, se plaignent de perdre de l’argent. Ils pressent l’État d’alléger la fiscalité qui les frappe. Est-ce que vous soutenez leur revendication ?
D’abord, l’Arjel n’a pas pour but de pousser à une explosion du marché des jeux en ligne. Les jeux d’argent, ce n’est pas une activité économique banale, elle comporte des dangers. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la publicité en faveur des sites de jeu est encadrée. Concernant la fiscalité, la loi prévoit une clause de rendez-vous dix-huit mois après son entrée en vigueur. Les premières données ne justifient pas que ce rendez-vous soit anticipé.
Stéphane Courbit, le propriétaire de Betclic, va plus loin en coupant drastiquement son soutien financier au monde sportif…
J’avoue avoir du mal à comprendre les opérateurs de paris sportifs : au moment de demander leur licence, tous ont déposé auprès de l’Arjel leur plan d’affaires. Or, à l’analyse, il apparait que certains qui se plaignent aujourd’hui sont en avance sur leur tableau de marche… En outre, sur le premier exercice, les pertes s’expliquent assez naturellement par le coût de recrutement des clients. D’aucuns ont fait le choix de dépenser de grosses sommes dans la publicité et le marketing afin d’obtenir plus rapidement une part de marché importante au détriment de leur rentabilité, tout est question de stratégie. L’Autorité de régulation n’a pas à se prononcer sur ce débat.Stéphane Courbit déclare également que l’Arjel n’a pas les moyens de lutter contre les sites illégaux. Qu’en pensez-vous ?Essayons d’observer les chiffres posément. Avant la légalisation, on estimait que les joueurs français dépensaient plus de 1 milliard d’euros sur les sites illégaux, 600 millions sur les paris sportifs et 400 millions sur les paris hippiques. La Française des jeux était le seul opérateur légal et représentait, disait-on, 4 % de l’ensemble. Cinq mois après l’ouverture du marché en France, les paris sportifs représentent 390 millions d’euros et les paris hippiques 370 millions d’euros. Soit 760 millions d’euros au total. Faites la projection sur un an et vous constaterez qu’on est en phase avec ce que l’on supposait être le chiffre gris du pari illégal. L’Arjel est fondée à dire que 90 % du marché a basculé dans le domaine légal. Le nombre de joueurs français qui jouent sur des sites illégaux est devenu marginal. Le nombre de sites pirates qui accueillent illégalement les joueurs français est également très restreint.Selon vous, la partie contre la piraterie des jeux d’argent serait donc gagnée ?
L’Arjel a assaini le marché. Il faut continuer à être vigilant. Désormais, nous serons probablement confrontés à des démarches plus volontaristes de la part de sites et de joueurs qui ne respectent pas la loi. Ils emploieront des moyens techniques plus importants pour la contourner.
Vous êtes chargé par le ministère des Sports de rédiger un rapport autour de l’éthique du sport face aux paris. Avez-vous, à ce stade, déjà constaté des dérives ?
Chantal Jouanno, la ministre des Sports, a confirmé la mission qui m’avait été confiée par Roselyne Bachelot et qui se traduira par la remise d’un rapport fin mars. Les paris sportifs et hippiques n’ont pas créé la corruption, mais ils ont multiplié le nombre de ceux qui ont un intérêt économique à falsifier la compétition. C’est donc le risque de fraude qui s’est accru. Il y a des mesures à prendre. J’observe, par exemple, que les Italiens ont créé un délit pénal de fraude sportive, ce qui n’existe pas dans la loi française. Il y a des actions de formation, de sensibilisation à mener. De même qu’il est souhaitable de centraliser les informations sur les paris pour détecter les mouvements suspects. L’aspect international ne doit pas être négligé, car une manifestation sportive qui a lieu en France peut faire l’objet d’une corruption pour servir des intérêts situés à l’étranger. Pour éviter les conflits d’intérêts, on peut aussi généraliser l’interdiction des paris à toutes les personnes accréditées par une épreuve sportive
Le football, même s’il n’est pas aussi dominant qu’en Italie, où il concentre 92 % du montant des paris sportifs. En France, le ballon rond représente 57 % des mises. Il a été très fort jusqu’à l’élimination de la France en Coupe du monde. Ensuite, c’est le tennis avec 23 % des mises, devant le volley-ball et le basket avec 4 % des mises. Le rugby n’attire que 2 % des mises.Les opérateurs de paris sportifs, comme Betclic ou Bwin, se plaignent de perdre de l’argent. Ils pressent l’État d’alléger la fiscalité qui les frappe. Est-ce que vous soutenez leur revendication ?
D’abord, l’Arjel n’a pas pour but de pousser à une explosion du marché des jeux en ligne. Les jeux d’argent, ce n’est pas une activité économique banale, elle comporte des dangers. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la publicité en faveur des sites de jeu est encadrée. Concernant la fiscalité, la loi prévoit une clause de rendez-vous dix-huit mois après son entrée en vigueur. Les premières données ne justifient pas que ce rendez-vous soit anticipé.
Stéphane Courbit, le propriétaire de Betclic, va plus loin en coupant drastiquement son soutien financier au monde sportif…
J’avoue avoir du mal à comprendre les opérateurs de paris sportifs : au moment de demander leur licence, tous ont déposé auprès de l’Arjel leur plan d’affaires. Or, à l’analyse, il apparait que certains qui se plaignent aujourd’hui sont en avance sur leur tableau de marche… En outre, sur le premier exercice, les pertes s’expliquent assez naturellement par le coût de recrutement des clients. D’aucuns ont fait le choix de dépenser de grosses sommes dans la publicité et le marketing afin d’obtenir plus rapidement une part de marché importante au détriment de leur rentabilité, tout est question de stratégie. L’Autorité de régulation n’a pas à se prononcer sur ce débat.Stéphane Courbit déclare également que l’Arjel n’a pas les moyens de lutter contre les sites illégaux. Qu’en pensez-vous ?Essayons d’observer les chiffres posément. Avant la légalisation, on estimait que les joueurs français dépensaient plus de 1 milliard d’euros sur les sites illégaux, 600 millions sur les paris sportifs et 400 millions sur les paris hippiques. La Française des jeux était le seul opérateur légal et représentait, disait-on, 4 % de l’ensemble. Cinq mois après l’ouverture du marché en France, les paris sportifs représentent 390 millions d’euros et les paris hippiques 370 millions d’euros. Soit 760 millions d’euros au total. Faites la projection sur un an et vous constaterez qu’on est en phase avec ce que l’on supposait être le chiffre gris du pari illégal. L’Arjel est fondée à dire que 90 % du marché a basculé dans le domaine légal. Le nombre de joueurs français qui jouent sur des sites illégaux est devenu marginal. Le nombre de sites pirates qui accueillent illégalement les joueurs français est également très restreint.Selon vous, la partie contre la piraterie des jeux d’argent serait donc gagnée ?
L’Arjel a assaini le marché. Il faut continuer à être vigilant. Désormais, nous serons probablement confrontés à des démarches plus volontaristes de la part de sites et de joueurs qui ne respectent pas la loi. Ils emploieront des moyens techniques plus importants pour la contourner.
Vous êtes chargé par le ministère des Sports de rédiger un rapport autour de l’éthique du sport face aux paris. Avez-vous, à ce stade, déjà constaté des dérives ?
Chantal Jouanno, la ministre des Sports, a confirmé la mission qui m’avait été confiée par Roselyne Bachelot et qui se traduira par la remise d’un rapport fin mars. Les paris sportifs et hippiques n’ont pas créé la corruption, mais ils ont multiplié le nombre de ceux qui ont un intérêt économique à falsifier la compétition. C’est donc le risque de fraude qui s’est accru. Il y a des mesures à prendre. J’observe, par exemple, que les Italiens ont créé un délit pénal de fraude sportive, ce qui n’existe pas dans la loi française. Il y a des actions de formation, de sensibilisation à mener. De même qu’il est souhaitable de centraliser les informations sur les paris pour détecter les mouvements suspects. L’aspect international ne doit pas être négligé, car une manifestation sportive qui a lieu en France peut faire l’objet d’une corruption pour servir des intérêts situés à l’étranger. Pour éviter les conflits d’intérêts, on peut aussi généraliser l’interdiction des paris à toutes les personnes accréditées par une épreuve sportive
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