La folie des paris en ligne en France : "déjà 514 millions d'euros joués chez les opérateurs" - Source : La Tribune.fr - 22/01/2011
Interview exclusive de Jean-François Vilotte, président de l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel). L'Arjel estime que l'offre illégale recule. Elle a commencé à lutter contre les casinos en ligne illégaux en France. Et s'apprête à encadrer les bonus versés dans le poker.
Quel bilan tirez-vous de ces premiers mois d'ouverture du marché des jeux en ligne ?
En six mois et demi, les Français ont ouvert 2,9 millions de comptes joueurs. Au 31 décembre, 448 millions d'euros avaient été misés dans les paris sportifs, 452 millions dans les paris hippiques, et dans le poker, 3,7 illiards d'euros en version cash game et 412 millions en tournoi. Si l'on ne tient pas compte du recyclage des gains, les joueurs ont déposé 514 millions d'euros sur les comptes ouverts chez les opérateurs de paris en 2010. Un euro génère par exemple 4 euros de paris sportifs, 3,2 euros de paris hippique et 23 euros de poker.
Mais les opérateurs accusent les offres illégales de continuer de prospérer à leurs dépends...
Il y a un basculement de l'offre illégale à l'offre légale. Dans le sport, les mises étaient comprises entre 900 millions et 1 milliard d'euros avant l'ouverture du marché. C'est le montant qui correspond au marché en 2010 si l'on tire une projection annuelle. Une immense part du marché illégal a été tarie. Il est de 10 à 15 % maximum aujourd'hui. Nous devons continuer d'être vigilants. Nous avons déjà procédé à 150 mises en demeure. Et la procédure de blocage des flux financiers sera opérationnelle en 2011. Nous avons aussi commencé à nous attaquer aux casinos en ligne et obtenu le blocage de 130 de ces sites. Mais pour lutter contre les sites illégaux, il faut que l'offre des opérateurs continue d'être attractive.
Justement, les opérateurs se plaignent des conditions du marché (fiscalité, versement aux fédérations sportives...) qui les empêchent de gagner de l'argent. Le discours alarmiste est simplificateur. Les sites sont déficitaires en raison de leur stratégie marketing. D'ailleurs, ces déficits étaient prévus. Quant au droit au pari, il a seulement représenté 530.000 euros en 2010. En revanche, je remarque que 61 millions d'euros de bonus ont été distribués aux joueurs, dont 14 millions dans les paris sportifs, 11 millions dans l'hippisme et 36 millions d'euros dans le poker. Nous allons d'ailleurs encadrer les bonus du poker, où les taux de retour au joueur peuvent dépasser les 100 %, par des plafonds ou des mesures qualitatives. Ces bonus sont des facteurs d'addiction.
530.000 euros, c'est peu pour le mouvement sportif.
Les organisateurs d'événements, comme la Ligue de football par exemple, devraient mettre en oeuvre des procédures contentieuses lorsque des paris sont organisés sur leurs compétitions à l'étranger, afin de réclamer le droit au pari. Plus généralement, je rendrai à Chantal Jouanno, ministre des Sports, en mars un rapport sur les dispositifs de prévention contre la corruption.
L'Autorité de la concurrence vous demande de réguler le prix du droit au pari, qu'en pensez-vous ?Le prix ne doit pas être administré. Car, selon la loi, il n'est pas uniquement lié au mécanisme de prévention des risques, mais tient compte de la renommée et du rayonnement de l'événement. En revanche, l'Arjel avait souhaité mettre en ligne un guide de bonnes pratiques. Mais il ne peut avoir de caractère obligatoire. Pour l'avenir, l'Arjel pense qu'il faudra trouver un mécanisme qui puisse rendre ses avis contraignants.
L'Autorité de la concurrence s'en prend aussi au PMU...
Les opérateurs doivent être attentifs aux recommandations, car l'avis est éclairant sur la position que prendrait l'Autorité en cas de contentieux.
Propos recueillis par Sandrine Cassini
Quel bilan tirez-vous de ces premiers mois d'ouverture du marché des jeux en ligne ?
En six mois et demi, les Français ont ouvert 2,9 millions de comptes joueurs. Au 31 décembre, 448 millions d'euros avaient été misés dans les paris sportifs, 452 millions dans les paris hippiques, et dans le poker, 3,7 illiards d'euros en version cash game et 412 millions en tournoi. Si l'on ne tient pas compte du recyclage des gains, les joueurs ont déposé 514 millions d'euros sur les comptes ouverts chez les opérateurs de paris en 2010. Un euro génère par exemple 4 euros de paris sportifs, 3,2 euros de paris hippique et 23 euros de poker.
Mais les opérateurs accusent les offres illégales de continuer de prospérer à leurs dépends...
Il y a un basculement de l'offre illégale à l'offre légale. Dans le sport, les mises étaient comprises entre 900 millions et 1 milliard d'euros avant l'ouverture du marché. C'est le montant qui correspond au marché en 2010 si l'on tire une projection annuelle. Une immense part du marché illégal a été tarie. Il est de 10 à 15 % maximum aujourd'hui. Nous devons continuer d'être vigilants. Nous avons déjà procédé à 150 mises en demeure. Et la procédure de blocage des flux financiers sera opérationnelle en 2011. Nous avons aussi commencé à nous attaquer aux casinos en ligne et obtenu le blocage de 130 de ces sites. Mais pour lutter contre les sites illégaux, il faut que l'offre des opérateurs continue d'être attractive.
Justement, les opérateurs se plaignent des conditions du marché (fiscalité, versement aux fédérations sportives...) qui les empêchent de gagner de l'argent. Le discours alarmiste est simplificateur. Les sites sont déficitaires en raison de leur stratégie marketing. D'ailleurs, ces déficits étaient prévus. Quant au droit au pari, il a seulement représenté 530.000 euros en 2010. En revanche, je remarque que 61 millions d'euros de bonus ont été distribués aux joueurs, dont 14 millions dans les paris sportifs, 11 millions dans l'hippisme et 36 millions d'euros dans le poker. Nous allons d'ailleurs encadrer les bonus du poker, où les taux de retour au joueur peuvent dépasser les 100 %, par des plafonds ou des mesures qualitatives. Ces bonus sont des facteurs d'addiction.
530.000 euros, c'est peu pour le mouvement sportif.
Les organisateurs d'événements, comme la Ligue de football par exemple, devraient mettre en oeuvre des procédures contentieuses lorsque des paris sont organisés sur leurs compétitions à l'étranger, afin de réclamer le droit au pari. Plus généralement, je rendrai à Chantal Jouanno, ministre des Sports, en mars un rapport sur les dispositifs de prévention contre la corruption.
L'Autorité de la concurrence vous demande de réguler le prix du droit au pari, qu'en pensez-vous ?Le prix ne doit pas être administré. Car, selon la loi, il n'est pas uniquement lié au mécanisme de prévention des risques, mais tient compte de la renommée et du rayonnement de l'événement. En revanche, l'Arjel avait souhaité mettre en ligne un guide de bonnes pratiques. Mais il ne peut avoir de caractère obligatoire. Pour l'avenir, l'Arjel pense qu'il faudra trouver un mécanisme qui puisse rendre ses avis contraignants.
L'Autorité de la concurrence s'en prend aussi au PMU...
Les opérateurs doivent être attentifs aux recommandations, car l'avis est éclairant sur la position que prendrait l'Autorité en cas de contentieux.
Propos recueillis par Sandrine Cassini
Posted in | Edit | 0 commentaire